Cet article présente une isolation écologique par l’extérieur d’une école primaire et des logements attenants. Il a été publié dans le magazine Habitat Naturel n° 38.
A Bièvres, la municipalité s’est résolument engagée pour la rénovation thermique performante avec l’isolation complète d’une école élémentaire. Un message fort pour montrer aux habitants de la commune que la Mairie sait aussi appliquer les conseils qu’elle donne
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Ci dessous, lire l’article au format html : Texte Claire Leloy – Photos Patrick Boutevin et Mairie de Bièvres
« C’est le jour et la nuit ! » Magali Errecart, qui habite depuis 11 ans dans l’un des appartements annexés à l’Ecole de Bièvres, est un témoin de premier ordre. Non seulement son appartement a bénéficié des travaux d’isolation qui ont été menés entre l’été et l’automne 2010, mais en plus elle a vécu l’avant et l’après. Aucune hésitation sur le bilan : « Dès que l’isolation a été achevée, la différence était criante : nous avions bien plus chaud et j’ai contacté mon distributeur de gaz pour revoir l’échéancier des factures à la baisse. » Institutrice et mère de trois enfants, Magali apprécie le confort qu’elle a gagné. Il en va, évidemment de même pour les 300 élèves qui passent leur journée dans les salles de classe de cette école élémentaire (200 élèves dans le bâtiment rénové). Mais le projet ne repose pas sur une simple isolation « à la va-vite ». Réalisée par l’extérieur, avec des matériaux naturels et incluant la réfection de la toiture, cette rénovation thermique est particulièrement aboutie. L’équipe municipale de Bièvres entend ainsi montrer l’exemple à ses concitoyens et motiver les Bièvrois à passer à l’action.
L’Ecole des Castors, à Bièvres, a été construite en 1958. « La barre typique des années 50, réalisée à l’économie » nous décrit Marianne Ferry, Conseillère Municipale qui, avec quelques autres, a porté le projet. Ce bâtiment, haut de trois niveaux, est en parpaings et ne compte pas d’isolant dans ses murs… Mais, en dehors d’un confort médiocre compensé par une surconsommation de chauffage aberrante, le vrai défaut de ce bâtiment, celui qui va tout déclencher, c’est… « qu’il est moche ». Marianne Ferry nous explique ainsi que, partant de ce dur constat, l’équipe municipale décide en juillet 2009 d’en rénover la façade afin de lui donner un peu plus de style. L’architecte Jean-Yves Moal est donc sollicité pour conduire le projet. Profitant de l’occasion, une partie des conseillers municipaux tente d’imposer des travaux d’isolation. Les échafaudages installés pour le ravalement peuvent ainsi tout à fait être mis à contribution pour une isolation par l’extérieur.
Certains veulent aller plus loin et utiliser, sur ce chantier, des matériaux naturels. Marianne Ferry avait, à ce propos, une idée très précise de la marche à suivre : ouate de cellulose insufflée en caissons et fibre de bois haute densité pour fermer à l’extérieur. Objectifs : limiter l’impact du chantier sur l’environnement, grâce à des matériaux renouvelables et recyclables, et assurer un confort été comme hiver avec un complexe isolant efficace en toute saison. Cette Conseillère Municipale déléguée à la communication, à l’information et aux espaces verts est avant tout une femme convaincue, très impliquée dans les actions de développement durable de la commune. Sa position sur le choix d’un procédé naturel va au-delà des arguments habituels : « J’estime que les professionnels qui travaillent sur le créneau écologique ont une sensibilité plus forte à la thermique du bâtiment. Ils sont au fait des problèmes de déperditions thermiques, des propriétés d’inertie de certains matériaux… Des points qui ont longtemps échappé aux techniques conventionnelles. Aussi, je pense que ces artisans sont beaucoup plus exigeants. » En un mot, un gage de qualité. Le bureau d’étude SO.LI.DE (spécialisé en enveloppe du bâtiment) et l’architecte Jean-Yves Moal, tous deux rompus aux chantiers publics, sont plus habitués à des maîtres d’ouvrage visant l’économie. Les solutions les plus appliquées sont donc souvent moins coûteuses et moins naturelles. « A Bièvres, le budget envisagé -conséquent- permettait d’appliquer de nombreuses solutions très performantes, se souvient Jean-Claude Delanoue de SO.LI.DE. Mais la priorité de l’équipe municipale était un chantier exemplaire en termes de matériaux bio-sourcés. »
Le principe d’isolation thermique par l’extérieur qu’Anibal de Faria se fait fort de développer sur l’Ile-de-France repose sur une technique simple : la réalisation de caissons rapportés sur la façade, fermés par des panneaux de fibre de bois et remplis avec de la ouate de cellulose insufflée. Une pose intéressante, puisque les locaux restent en usage (les salles de classe ne sont pas en travaux) et un complexe performant puisque l’épaisseur d’isolant (ouate + fibre de bois, soit 160 mm en tout) apporte une résistance efficace au mur (R = 4,10). Par ailleurs la fibre de bois haute densité placée sur l’extérieur contribue à l’inertie du mur. En été, ce matériau ralentira le passage de la chaleur de plusieurs heures, améliorant grandement le confort intérieur et assurant une certaine fraîcheur. Enfin, ce système permet une gestion optimale des ponts thermiques, l’isolation par l’extérieur englobant le bâtiment dans un manteau isolant. Mais, contrairement à ce qui se fait la plupart du temps, Anibal de Faria ne pose pas une ossature rapportée classique (avec des montants courant sur toute la hauteur de la façade) pour former ses caissons. C’est un procédé d’échelles à entretoise qui est mis en œuvre (Procédé U*psi de Lignotrend). Quelle différence ? Ces échelles fonctionnent selon le principe de poutre en I, mais ici, les membrures sont reliées entre elles par des barreaux (comme une échelle), et non par un panneau continu. Cette discontinuité diminue d’autant la possibilité de pont thermique puisqu’il y a moins de points de contact. Une membrane en textile intissé, placée sur chaque échelle, garantit par ailleurs un « compartimentage » de la ouate. Ces compartiments et une densité constante et maîtrisée (48 kg/m3) limitent les risques de tassement. La ouate de cellulose est donc insufflée sur 120 mm d’épaisseur dans cette structure en quasi-continuité tout autour de la façade. Ajoutons à cela une fermeture par des panneaux de fibre de bois (Steico Protect) et l’étanchéité est pratiquement parfaite.
En plus de l’isolation périphérique de ses murs, le bâtiment a également bénéficié d’une isolation de sa toiture qui souffrait de problèmes d’étanchéité. Ici, ce ne sont pas des matériaux bio-sourcés qui ont été utilisés. Toutefois, les 25 cm de laine minérale qui ont été posés ainsi que la réfection de l’étanchéité ont grandement concouru à l’amélioration du confort du bâtiment. Les travaux se sont achevés aux portes de l’hiver. La saison froide s’est déroulée dans le confort général et avec de belles économies de chauffage. Mais l’équipe municipale ne va pas s’arrêter là : « Pour nous, ce n’est qu’un premier pas, et nous allons continuer d’avancer sur cette voie. Pour l’école, nous travaillons maintenant sur un projet de ventilation efficace, explique Marianne Ferry avant de conclure : Nous n’en sommes qu’aux prémices ! » Des prémices prometteuses pour une ville volontaire.
Lieu : Bièvres, Ecole élémentaire des Castors
SHON : 840 m2
Surface de parois à isoler : 1900 m2
Travaux : de juillet à décembre 2010
Architecte/ maître d’oeuvre: Jean-Yves Moal (cabinet A-Tek)
Bureau d’étude envelope du bâtiment : SO.LI.DE
Entreprise isolation/ parement : Planète Isolation
Système d’isolation :
Echelles à entretoise Lignotrend
120 mm de ouate de cellulose insufflée (lambda de 0,038)
40 mm panneau de fibre de bois rigide (lambda de 0,046)
Finition enduit ou bardage
R du complexe isolant 4,10
Coûts : 220 €/m2 HT avec finition enduit
260 €/m2 HT avec finition bardage (mélèze)
Habitat Naturel : Comment décririez-vous votre appartement avant les travaux ?
Magali Errecart : On ne peut pas dire qu’il n’était pas confortable, mais avec une surface de 85 m2 et une très grande hauteur sous plafond (3,50 m) maintenir une température de confort exigeait des consommations de chauffage démesurées. Ma note de chauffage était équivalente à certains de mes amis qui habitent une maison deux fois plus grande que notre appartement… Parallèlement, nous avions de très gros problèmes de condensation, notamment dans la chambre des enfants. Et à chaque automne, nous devions systématiquement essuyer les murs pour en retirer les gouttelettes qui se formaient.
Anibal de Faria : Ce phénomène de condensation est typique sur ce genre de bâtiment. Il ne s’agit pas exactement de problèmes d’humidité qui nécessitent un traitement particulier. Ici le problème est simplement celui des « parois froides ». Concrètement, lorsque l’air chaud rencontre une paroi froide, le choc thermique est brutal et l’eau contenue dans l’air condense, sur le mur. Ce qui explique le phénomène de gouttelettes à l’automne. Ici, les parois n’étaient absolument pas isolées, mais elles étaient saines. Une isolation efficace a résolu le problème.
Magali Errecart : Effectivement, à partir du moment où les murs ont été isolés, je n’ai plus eu à essuyer les murs. Plus de condensation !
Habitat Naturel : En terme de confort, quels changements ?
Magali Errecart : La différence a été évidente. Dès que les murs et la toiture ont été isolés, nous avions bien plus chaud. En réalité, nous avions même trop chaud parce que nous avions une vieille chaudière dont on ne pouvait que très difficilement baisser la température. Finalement, depuis début mars (2011, Ndlr) nous l’avons carrément arrêtée. Et l’ambiance est très agréable. Mais la chaudière va bientôt être changée.
Anibal de Faria : Il faut souligner que l’appartement de Madame Errecart est orienté plein sud. Aussi, entre les apports solaires passifs et le manteau isolant, elle bénéficie d’une bonne efficacité thermique. Par ailleurs, elle devrait également bénéficier d’un bon confort d’été du fait de l’inertie des murs.
Habitat Naturel : Les économies réalisées sur les notes de chauffage sont-elles convaincantes ?
Magali Errecart : Avant, je payais 170 euros par mois sur 10 mois (soit approximativement 280 kWh/m2.an, d’après les relevés). Comme je suis mensualisée et qu’il n’y a pas encore eu de relevé de consommation sur cette année, je ne connais pas exactement ma consommation actuelle. Mais ce qui est sûr c’est que dès l’instant où j’ai expliqué à mon distributeur de gaz les travaux d’isolation réalisés, ils ont spontanément diminué les mensualités de 170 à 100 euros… sachant qu’entre temps, le prix du gaz a augmenté.
Habitat Naturel : Au vu des estimations réalisées par le distributeur et des augmentations du coût du gaz ces deux dernières années, on peut sans risque considérer que les consommations ont quasiment été divisées par deux.
> CARNET D’ADRESSES
Isolation : Planète Isolation (Anibal de Faria)
ZA des closeaux 12 rue des Champs Odés
78200 Buchelay
Tél. : 01 30 98 01 00
Web : www.planete-isolation.com
Architecte : A-Tek (Jean-Yves Moal)
38 rue du Général Malleret Joinville
94400 Vitry-sur-seine
Tél. : 01 46 80 29 62
BET : SO.LI.DE (Jean-Claude Delanoue)
38 rue du Général Malleret Joinville
94400 Vitry-sur-seine
Tél. : 01 43 91 13 00
www.solide.fr